Révolutions et mythes identitaires Mots, violences, mémoire

janvier 2009
ISBN : 9782847363630
345 pages

49,70

Si les mots produisent du réel, ils peuvent aussi le transformer, voire le masquer, créant une autre réalité ou la niant, transformant au fil des jours des événements qui semblent être placés dans une mystérieuse lanterne magique.

Description

« La manie de parler, la rage d’écrire ont enfanté une foule de pamphlets où Marat et Robespierre, quoique décidés révolutionnaires, ne se ressemblent pas plus que Mallet du Pan et Rivarol dans leurs idées contre-révolutionnaires ».
Dès 1798, par ces quelques lignes lapidaires extraites de son Nouveau Paris, Louis-Sébastien Mercier attirait l’attention de ses contemporains sur la force des mots pour qualifier les idées, les individus et les factions. On peut examiner ici la puissance performative de la langue, puisque nommer c’est identifier et classer ou disqualifier et dénoncer ; et, dans ces temps bouleversés des révolutions, changer les qualificatifs attribués à tel ou tel peut revenir à transformer un « patriote » en « renégat » et conduire le public à modifier son attitude envers le héros d’hier devenu le traître d’aujourd’hui. Il existe également une culture de la dérision, propre au siècle des Lumières au cours duquel l’humour et le persiflage ont été des armes bien partagées (du parlementaire de haut vol à l’écrivain de seconde zone et au faiseur de chansons).
Si les mots produisent du réel, ils peuvent aussi le transformer, voire le masquer, créant une autre réalité ou la niant, transformant au fil des jours des événements qui semblent être placés dans une mystérieuse lanterne magique. L’histoire du XXe siècle prouve à la fois l’importance et la violence des mots. Partant de la crise de l’année 1788, on interrogera également les moments révolutionnaires et les guerres des XIXe et XXe siècles. Le vocabulaire s’y transforme parfois pour masquer la réalité (apposition de qualificatifs originaux pour re-nommer des événements, de la « révolution des œillets » portugaise à la « révolution de velours » tchèque ou tout récemment, « la révolution orange » d’Ukraine, la couleur devant identifier le vainqueur). Enfin, la constitution de la notion juridique de « crime contre l’Humanité » après la fin de la Deuxième Guerre mondiale, a conduit la communauté internationale à réclamer et à vérifier sans cesse davantage de précision dans le vocabulaire et l’emploi des mots.