1 juin 2021

Sciences Humaines : Afrique Subsaharienne, Un continent d’histoires

Vingt et un auteurs, de François-Xavier Fauvelle, actuel titulaire de la chaire d’histoire et archéologie des mondes africains au Collège de France, à Pierre Alexandre, premier secrétaire des Cahiers d’études africaines en 1960, ont été réunis dans ce volume de contributions sur l’Afrique noire précédemment publiées dans la revue L’Histoire. Les plus anciennes datent de 1985, les plus récentes de 2015. Chronologiquement ordonné, le dossier court de l’origine de l’espèce humaine jusqu’aux problèmes très actuels posés par les réserves naturelles. Sans ménagement, Guillaume Blanc qualifie d’«écoracisme»les politiques criminalisant les populations locales dont les pratiques sont accusées de porter atteinte à «l’Éden africain». Entre ces deux extrêmes, il est question de l’âge d’or du Néolithique (Bernard Nantet), de l’aventure des San ou Bushmen, du voyage d’Ibn Battûta, de quelques-uns des empires subsahariens (Mali, Ghana),de la colonisation et du pillage (Catherine Coquery-Vidrovitch), du travail forcé, de la Françafrique. Treize pages présentent une excellente synthèse sur la traite atlantique (Philippe Haudrère). S’il est clair que l’histoire de l’Afrique ne doit plus être affublée d’un point d’interrogation, la question doit néanmoins aussi être pensée et elle l’a été par Claude Lévi-Strauss. Bien évidemment, l’Afrique est un continent plongé dans l’histoire à l’égal des autres. Le temps qui passe apporte toujours des transformations, auxquelles les structures sociales opposent une résistance plus ou moins grande. Considérant ceci, C. Lévi-Strauss avait distingué des sociétés qualifiées de«froides», aux idéologies prônant la répétition, des sociétés «chaudes» qui font du temps le vecteur du progrès. Ces deux tendances sont assurément présentes dans toutes les sociétés, mais à proportions distinctes. Espérons que l’Afrique et le reste du monde sauront faire du «chaud» sans aller à la catastrophe. Cela s’appelle le développement durable.

Gérald Gaillard